Presse

Zebda, le Z.E.B.D.A de Toulouse-Matabiau catapulte son deuxième album, où fleurent bon les musiques mélangées aux Bruits et aux Odeurs.
Extraits d'une interview réalisée le 30 Mars 96 lors du Festival "Du Rock pour tes Yeux", au Zénith de Montpellier.


Cigale Mécanik: Pour revenir à ce que vous avez fait en studio, votre premier album date de 1992; là vous revenez en 1995 avec un deuxième album. Pendant 3 ans on n'a plus trop entendu parlé de vous, qu'avez vous fait entre temps?
Magyd: Notre absence est essentiellement dûe au fait que nous n'avions pas les moyens luxueux pour s'attaquer à un deuxième album. Il a fallu que l'on joue beaucoup pour arriver à vivre et finalement, on n'a pas eu le temps et les moyens de faire un album comme on aurait aimé le faire. Ca nous a pris du temps, mais on y est arrivé quand même.
Mustapha: C'est également une question d'apprentissage aussi, de savoir écrire des chansons pour faire un album directement. C'est le fameux virage du deuxième album.

CM: Entre le premier et le deuxième album, vous avez pas mal changé de registre, le premier faisant dans le style "Nous les Arabes, on habite la banlieue, on est malheureux", le deuxième apparaissant comme beaucoup plus gai.
Magyd: Je sais pas si le premier est triste, mais l'idée du groupe est d'être positif tout en parlant de thèmes importants. Donc il faut trouver une combine pour rester positif, tout en parlant de choses sérieuses. Pour cela, il y a l'humour, d'autres choses comme ça et peut-être que ce mélange est plus réussi sur le second album.

CM: Le fait qu'il y ait eu cette évolution au niveau musical, avec des morceaux plus travaillés, plus de mélodies aussi, c'est le fruit du travail sur scène que l'on retrouve sur l'album?
Mustapha: Oui, je dirais que c'est le fruit de l'âge. C'est à un moment donné une manière différente de percevoir l'énergie, de savoir évoluer. Ce que l'on a voulu sur le deuxième album, c'est être très proche de ce que l'on était au moment où on l'a fait. Et à ce moment on était un peu moins énervés que sur le premier, où la démarche venait vachement de la scène. C'est vrai que sur scène c'est beaucoup l'énergie, et sur le deuxième c'est la conception de l'album qui prime, que l'on puisse l'écouter au walk-man!(rires).
Magyd: Le groupe a une forme particulière avec trois chanteurs et basse, batterie, guitare; et donc si tu ne fais pas un "Rock pur", la formule que l'on doit trouver devient difficile. Depuis le début, c'est une recherche: le premier c'était les chansons de live, le second on s'est mis à chercher et disons que l'on a trouvé des pistes. Il s'agit d'une quête de la musique qui irait bien à Zebda.

CM: Est-ce que vous vous considérez comme un groupe de Rock?
Magyd: En partie je dirais oui. Enfin ça dépend de ce que l'on appelle le rock, mais si c'est l'énergie, on peut dire que oui.
Mustapha: La différence entre groupe de rock, de rap, de reggae ou autre c'est que le rock inclut beaucoup de tendances. Mais c'est un peu vrai qu'on est groupe de rock, comme on peut dire chanson francaise ou tous ces intitulés qui sont un peu plus larges que les autres.

CM: Zebda apparaît comme un mélange de rock, de raï, de rap, de ragga, quelles sont vos réelles influences?
Mustapha: Ca commence avec l'histoire de chacun de nous: ça va du rock anglais à la soul, et puis ça s'élargit, Zebda provoque cet effet sur nous d'ouverture vers d'autres styles. Aujourd'hui je suis plus ouvert qu'avant de commencer Zebda, et c'est pour tous pareil. Je suis plus allé vers le rock tout comme ceux ayant une culture plus rock se sont tourné vers le raï, le rap, le ragga. Ca va de Malicorne à Brassens, Perret puis Blur, la Salsa, Carlos Puebla, Shabba Ranks, les Clash, voire même d'autres choses difficilement avouables.
Magyd: Mais ça on vous le dira pas...! (rires)

CM: Pour parler de bruit et d'odeur, votre clip diffusé sur M6 met en scène un paint-baller sans trop de rapport avec le sujet même du morceau. Pourquoi avoir choisi une mise en image collant si peu au texte?
Magyd: Je te dirais qu'on n'a pas vraiment choisi le scénario, car finalement nous sommes dans une grande machine où les idées foisonnent de partout, et où il faut faire quelque chose très vite. Peut-être que ça fait partie des compromis qui sont nécessaires. Je dirais qu'on a pas insisté sur le scénario.
Mustapha: On n'est pas au stade d'avoir la capacité de réaliser un clip nous même et le poids pour l'imposer. Donc on limite les dégats en évitant les clichés réducteurs et en faisant un clip