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Cigale Mécanik: Pour revenir à ce que vous avez fait en studio, votre premier
album date de 1992; là vous revenez en 1995 avec un deuxième album. Pendant
3 ans on n'a plus trop entendu parlé de vous, qu'avez vous fait entre temps?
Magyd: Notre absence est essentiellement dûe au fait que nous n'avions
pas les moyens luxueux pour s'attaquer à un deuxième album. Il a fallu que l'on
joue beaucoup pour arriver à vivre et finalement, on n'a pas eu le temps et
les moyens de faire un album comme on aurait aimé le faire. Ca nous a pris du
temps, mais on y est arrivé quand même.
Mustapha: C'est également une question d'apprentissage aussi, de savoir
écrire des chansons pour faire un album directement. C'est le fameux virage
du deuxième album.
CM: Entre le premier et le deuxième album, vous avez pas mal changé de
registre, le premier faisant dans le style "Nous les Arabes, on habite
la banlieue, on est malheureux", le deuxième apparaissant comme beaucoup
plus gai.
Magyd: Je sais pas si le premier est triste, mais l'idée du groupe est
d'être positif tout en parlant de thèmes importants. Donc il faut trouver une
combine pour rester positif, tout en parlant de choses sérieuses. Pour cela,
il y a l'humour, d'autres choses comme ça et peut-être que ce mélange est plus
réussi sur le second album.
CM: Le fait qu'il y ait eu cette évolution au niveau musical, avec des
morceaux plus travaillés, plus de mélodies aussi, c'est le fruit du travail
sur scène que l'on retrouve sur l'album?
Mustapha: Oui, je dirais que c'est le fruit de l'âge. C'est à un moment
donné une manière différente de percevoir l'énergie, de savoir évoluer. Ce que
l'on a voulu sur le deuxième album, c'est être très proche de ce que l'on était
au moment où on l'a fait. Et à ce moment on était un peu moins énervés que sur
le premier, où la démarche venait vachement de la scène. C'est vrai que sur
scène c'est beaucoup l'énergie, et sur le deuxième c'est la conception de l'album
qui prime, que l'on puisse l'écouter au walk-man!(rires).
Magyd: Le groupe a une forme particulière avec trois chanteurs et basse,
batterie, guitare; et donc si tu ne fais pas un "Rock pur", la formule
que l'on doit trouver devient difficile. Depuis le début, c'est une recherche:
le premier c'était les chansons de live, le second on s'est mis à chercher et
disons que l'on a trouvé des pistes. Il s'agit d'une quête de la musique qui
irait bien à Zebda.
CM: Est-ce que vous vous considérez comme un groupe de Rock?
Magyd: En partie je dirais oui. Enfin ça dépend de ce que l'on appelle
le rock, mais si c'est l'énergie, on peut dire que oui.
Mustapha: La différence entre groupe de rock, de rap, de reggae ou autre
c'est que le rock inclut beaucoup de tendances. Mais c'est un peu vrai qu'on
est groupe de rock, comme on peut dire chanson francaise ou tous ces intitulés
qui sont un peu plus larges que les autres.
CM: Zebda apparaît comme un mélange de rock, de raï, de rap, de ragga,
quelles sont vos réelles influences?
Mustapha: Ca commence avec l'histoire de chacun de nous: ça va du rock
anglais à la soul, et puis ça s'élargit, Zebda provoque cet effet sur nous d'ouverture
vers d'autres styles. Aujourd'hui je suis plus ouvert qu'avant de commencer
Zebda, et c'est pour tous pareil. Je suis plus allé vers le rock tout comme
ceux ayant une culture plus rock se sont tourné vers le raï, le rap, le ragga.
Ca va de Malicorne à Brassens, Perret puis Blur, la Salsa, Carlos Puebla, Shabba
Ranks, les Clash, voire même d'autres choses difficilement avouables.
Magyd: Mais ça on vous le dira pas...! (rires)
CM: Pour parler de bruit et d'odeur, votre clip diffusé sur M6 met en scène
un paint-baller sans trop de rapport avec le sujet même du morceau. Pourquoi
avoir choisi une mise en image collant si peu au texte?
Magyd: Je te dirais qu'on n'a pas vraiment choisi le scénario, car finalement
nous sommes dans une grande machine où les idées foisonnent de partout, et où
il faut faire quelque chose très vite. Peut-être que ça fait partie des compromis
qui sont nécessaires. Je dirais qu'on a pas insisté sur le scénario.
Mustapha: On n'est pas au stade d'avoir la capacité de réaliser un clip
nous même et le poids pour l'imposer. Donc on limite les dégats en évitant les
clichés réducteurs et en faisant un clip