Essence ordinaire

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Y' A PAS D'ARRANGEMENT

C'était la folie, autant que je m'en souvienne
On voulait pas bosser et pour qu'on nous retienne
II eut fallu derrière nous, un Zatopek à la course
Mais en tout cas rien n'a coulé de source

Y'a pas d'arrangement, et y'a pas de grimace
Juste le lendemain se regarder dans une glace
Faut le dire, on a fait ça pour faire la fête
Et se dire: cette folie, on l'a faite... au fait !

L'évidence n'était pas chez la voisine
Vous voulez chanter et ben casquez maintenant
II fallait qu'on s'y risque car c'est l'usine
Qui ouvre ses bras en criant, c'est donnant donnant

Refrain
Y'a pas d'arrangement, et y'a pas de grimace
Juste le lendemain se regarder dans une glace
Faut le dire, on a fait ça pour faire la fête
Et se dire: cette folie, on l'a faite... au fait !
Y'a pas d'arrangement

Et c'est ainsi qu'on est parti sur les routes
Les kilomètres auraient mérité tu t'en doutes...; quoi donc ?
Le mot respect, ou qu'on nous donne un diplôme
Parce qu'on n'était pas dans un beau sous-marin jaune

Croyez-le, y'a pas eu de miracle
On n'a pas fait demi-tour au premier obstacle
On n'a pas fait demi-tour et pour cette place
Sous le déluge, on a roulé sans essuie-glaces..." tchic-tchac"

On a caché ce qu'on avait de plus précieux
La cagoule et les bottes de Sept lieues
On mouillait le maillot, tout à la fois être
Trimards et saltimbanques, tu le crois ... "je le crois"

Refrain

L'autre jour, j'ai même dis à Moos
II faut leur dire "plus de couscous"
Moi en tout cas, je ne peux plus rien avaler
Les cassoulets, les taboulés, tous les poulets-poulets

Je me souviens qu'on était tellement pliés
On a envié "deux secondes" le monde ouvrier
Allez roule, et si on a plus rien dans le ventre
On vient, on met le feu, et puis on rentre

La vie de bohème, elle peut se résumer ainsi
Je me promène avec madame pharmacie
Kamol, Doliprane et Salgydal
Sont les trois mamelles des tueurs de bals

Refrain

Plutôt que de changer les freins
Qu'est ce que t'en penses
On s'achète, je sais pas moi, une ambulance - "oui ! oui !"
On a ri du bonheur, lorsque chantait la foule
Le petit "Oh" sur "D'Eve à Lise", c'était cool

Pas de cadeau, pas de trêve, pas de fleur
Si t'as mal aux mollets, sèche tes pleurs
Y'a pas d'arrangement, c'est la formule
Sinon garde ta baignoire et va faire des bulles

Ainsi va le spectacle et sa légende
Quand y'en a un qui tombe, l'autre en redemande
La tête cassée, le reste à la dérive
Cent petits tours et que les cachets suivent

Refrain



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TOMBER LA CHEMISE

Tous les enfants de ma cité et même d'ailleurs
Et tout ce que la colère a fait de meilleur
Des faces de stalagmites et des jolies filles
Des têtes d'acné, en un mot la famille
Sont là

Oui tous les enfants de mon quartier et même d'ailleurs
Et tout ce que le béton a fait de meilleur
Des qui voulaient pas payer l'entrée trente balles
Ont envahi la scène, ont envahi la salle.

Y'a là des bandits qu'ont des têtes de cailloux
Ceux qu'ont du sentiment autant que les voyous
Attendent qu'on allume un méchant boucan
Et que surgissent de la scène des volcans
Et c'est là:

Refrain
Qu'on a tombé la chemise
Tomber la chemise...

Tous les enfants de ma cité et même d'ailleurs
Et tout ce que la colère a fait de meilleur
Des pas beaux, des faces rondes comme des quilles
Et des têtes rouges, en un mot la famille
Sont là

Oui tous les enfants de mon quartier et même d'ailleurs
Et tout ce que le béton a fait de meilleur
Des qui voulaient profiter de la pagaille
D'autres qu'avaient pas slamé depuis un bail

Tout à coup le trac a fait coucou dans la loge
Oh maman qu'elle tourne vite cette horloge
Allez les gars, vous avez promis le soleil
On peut vous dire, ce soir qu'on a pas sommeil

Refrain
On va tomber la chemise
Tomber la chemise...

Tous les petits gavroches et les têtes abîmées
Et les faces de pioche autant que les minets
Ont mis le feu en sautant à l'envers
La tête en bas, c'était pas des paroles en l'air, mais
Oh! là....

On les entend qui crient "allez, pas de manières
Surtout pas de caprices on en a rien à faire
Puis on est pas venu là, dans un monastère
Ni casser la voix, mais péter les artères"

C'est ainsi chez nous et c'est pareil ailleurs
Tout ce que ce vilain monde a fait de meilleur
Se trouvait là, juste pour le plaisir
Ce jour là je peux dire qu'on s'est fait plaisir

Refrain
On va tomber la chemise
Tomber la chemise...



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DOUBLE PEINE

J'ai la tête de celui qui s'entête
Peut-être même du voleur de bicyclettes
De celui qu'a la main près du sac à main
Qu'on s'y trompe, moi sans passer d'examen
Je sais ce que vous avez jamais su

Non, no, niet, dans toutes les langues nada
Le bossu ne fait pas sa vie avec Esmeralda
En tous cas si t'y crois, je te pince !
C'est dans les rêves que les bergères épousent des princes

Refrain
Je suis celui qu'on a puni deux fois
Ici et puis là-bas
Je suis celui qu'on a puni deux fois
Ici et puis là-bas

On m'accuse d'être de toutes les combines
Quatre épouses et combien de concubines
Je sais bien que c'est pas là le moindre défaut
Et qui prend l'ascenseur pour l'échafaud, hein ?
Je fais la confidence à ces tordus...

Mais je l'ai dit et redit et si tu lis ma bio
Tu y trouveras une enfance comme il faut
Si tu cherches le Bronx, reste dans ton ghetto
Mais s'il est véridique que je suis né dans la rue

Refrain

Non, non je n'ai pas le culte des racines
Je prends pas ce qu'il y a dans la vitrine
J'écoute la voix qui me dit "va chercher la lumière"
Mais je vais pas courir la vie entière
Mais je vais pas m'échapper davantage
Derrière le tramway qui s'appelait déjà dégage

Et je vais pas attendre qu'on m'épluche
La tête dans le sable comme une autruche
Non ! Je cours, je galope et jusqu'à bout de souffle

Je cours dans la neige et sans les moufles
Ainsi est la rencontre du quatrième type
Retour à l'expéditeur, c'est pas le bon prototype

Je sais où je gêne
Que j'ai des airs de celui qui tchoure l'oxygène, car...

Refrain



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TOMBES DES NUES

Je suis venu, mais je suis pas venu tu penses
M'entendre dire "sois le bienvenu"
Mais l'estomac qui a besoin d'essence
Dit "qu'est-ce qu'il y a aujourd'hui au menu?"

Pas les pieds nus mais la tête dans les nuages
Le cœur au chaud et sans faire semblant
Y'avait pas de quoi en faire un fromage
Au pays du Mont-Blanc

Refrain bis
Sans bruit, sandwichs sans rire et sans dîner
Sans faute, sans doute et même sans l'idée
Qu'on est jamais invité quand on est
Sans thune, sandales ou même sans papiers.

Je suis venu, mais je suis pas venu tu penses
Pour le soleil ou le bord de la mer
Parce que bronzé je l'étais de naissance
Et puis je ne connaissais pas l'hiver

J'avais les pieds nus, la tête dans les nuages
Le cœur au chaud, et je faisais semblant
D'être celui qui était de passage
Au pays du Mont-Blanc.

Refrain bis

Je suis venu et j'ai caressé des vignes
Et comment dire ? J'attendais le raisin
Mais de ces fruits, je n'ai vu que les lignes
Paraît qu'ici on ne boit que du vin.

Je suis venu et je ne savais pas encore
Qu'ici on avait peur de ses voisins
Et de toutes les maisons, je n'ai vu que des stores
Qui m'ont jamais dit "allez viens"

Je suis venu c'était pas au clair de la lune
M'entendre dire: "Va chercher ton or"
Non ! J'étais pas venu pour faire fortune
A l'aventure, habillé en peau de castor

Mon visage est une page qu'on n'arrache pas
Je sais que je serai surtout pas

Refrain bis

Je suis venu, mais je suis pas venu tu penses
M'entendre dire "sois le bienvenu"
Mais l'estomac qui a besoin d'essence
Dit "qu'est-ce qu'il y a aujourd'hui au menu"

J'suis venu mais je le dis avec quel air
Qu'on me reçut à reculons
On peut pas dire, on peut pas dire cher Léon
Que ce soit sur un air d'accordéon.

Mon visage est une page qu'on n'arrache pas
Je sais que je serai surtout pas

Refrain bis



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QUINZE ANS

Que sont devenus tous mes amis
Je me rappelle et c'est pas si loin
De l'âge où on mettait le feu à tous les coins

Je me souviens et c'est pas des ragots
On était plus près des altères que des égaux
Plus près de la cheville que du cerveau

Je me souviens et c'est pas si loin
Mais je peux pas dire que je ne regrette rien
A 15 ans t'as la tête comme un gourdin ...

Où t'es plus proche des mains que des humains
J'ai vu des attaques au "croissant chaud" le matin
Qui méritaient pas qu'on nous traite d'assassins..:
d'assassins

Refrain
Que sont devenus tous mes amis
Mais aujourd'hui je pleure et puis j'en ris
On s'est pas tous tiré d'affaire
Pas de la même manière

On était chauds, tous comme nos aînés
C'est pas la faute à la mère Méditerranée
Mais je sais qu'on allait plus souvent au ciné.

On est monté sur tous les arbres à bout de bras
Les pommiers, tous les cerisiers, les acacias
Mon frère! toutes les branches se rappellent de moi.

On cueillait pas, on faisait des ravages
Et puis les devantures et tous les étalages
A 15 ans, tout passe, passe et dans l'œsophage...

Comme on finit par attraper la diarrhée
Et qu'on a digéré les fruits avariés
On s'attaque à l'épicier, on s'attaque à l'épicier

Refrain

De l'épicier tu passes à l'épicière
Tu veux manger toute la terre entière
Alors on cassait tout, on lâchait pas l'affaire

On a commencé à marquer des territoires
Fils de Crao et de tous les barbares
Un concentré de méchanceté rare

Et tous les jours, on était en vacances
Mais franchement tout est foutu d'avance
Quand le poids est d'un seul côté de la balance

Après les munchakus et la cape à Zorro
Après les mobylettes et les petits vélos
Y restait rien, y fallait du nouveau

Refrain

Corrigés par des adultes à bout de nerfs
Qui nous auraient brûlé à l'essence ordinaire
II leur en manquait le courage pour le faire

Moi, y'a deux trois choses que je regrette
Pour une porte qui s'est un peu ouverte
Un sourire qui disait, il est pas si con.

Un îlotier à qui j'aurais dit non
Et qui m'a saoulé avec son intégration
Intégré, je le suis; où est la solution ?
Intégré, je le suis; où est la solution ?
Intégré, je le suis; où est la solution ?
Intégré, je le suis; où est la solution ?

Refrain



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JE CROIS QUE CA VA PAS ETRE POSSIBLE

Voici... ce que je vous propose comme entrée
Je fais des fixations devant les portes d'entrée
Pas n'importe lesquelles, surtout les bien gardées
Avec 100 kilos de muscles à la clef

Devant trop de barbaque, c'est vrai je fais des rejets
Et je peux dire que je maîtrise le sujet
Les portes je connais, j'en ouvre tous les jours
Mais j'en ai vu claquer plus souvent qu'à mon tour

Je vous fais un topo sur l'accueil
A l'entrée des boites

"Veuillez entrer monsieur, votre présence nous flatte"
Non je plaisante, car ça se passe pas ainsi
Devant les boites, moi je suis toujours à la merci
D'un imbécile à qui je sers de cible et qui me dit :

Je crois que ça va pas être possible
Pas être possible, pas être possible

J'ai pas fini, voici mon plat de résistance
Comme tout un chacun j'ai bossé pour ma pitance
Et histoire de vivre convenablement
Je me suis mis à la recherche d'un appartement

J'ai bichonné un excellent curriculum vitae
Couleur et Macintosh enfin toute la qualité
En prime; irréprochable situation morale
Et même quelques feuilles de salaire: la totale

Vas-y Dieudo, fais leur le proprio
"C'est un honneur pour moi, je vais vous montrer le patio"
Non, je plaisante car ça s'est pas passé ainsi
Quand il m'a vu, j'ai vu que tout s'est obscurci
A-t-il senti que je ne lisais pas la bible et il m'a dit

Je crois que ça va pas être possible
Pas être possible, pas être possible

Le bonheur étant toujours pour demain
J'ai placé quelques thunes pour un petit jardin
Un petit nid et balcon sur "la prairie des filtres "
Avec piscine au bord de la Garonne, si j'insiste !

Mais ce putain de bonheur n'est jamais dans le pré
J'ai appelé "le bon sens près de chez vous" pour un prêt
Mais les banques, c'est les banques !
Comment vous dire..., eh bien, les mots me manquent
Enfin je vous fais le topo des grosses têtes
"II vous manque des points pour compléter votre retraite
Vous devriez me semble-t-il pour assurer les traites
Mettre à jour et un terme à l'ensemble de vos dettes"
Et puis, il a souri en me disant "c'est terrible mais...

Je crois que ça va pas être possible
Je crois que ça va pas être possible

Mais je lâcherai pas l'affaire, cousins, cousines
J'ai la patate à faire peur à la pile alcaline
Et je ferai pas comme celui qui
Va prendre un billet dans... La chaleur de la nuit

Et je sais tous les noms d'oiseaux dont on nous traite
Et un jour je sais bien que c'est nous qu'on fera la fête
A tous ces gens qui vivent dans les autres sphères
Je vais les inviter à mon joyeux anniversaire

Et là plus de "qu'est ce qu'y fait? Qu'est ce qu'il a ?"
De rebelote "qui c'est celui-là ?"

Et à toutes ces taches qui vous jugent à la figure
Je leur ferai une justice avec mes chaussures
Quand ils voudront sortir, là ! ce sera terrible
Je leur dirai

Je crois que ça va pas être possible
Pas être possible, pas être possible



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JE SUIS

Je suis le feu et l'eau tout à la fois
Même si le feu brûle et même si l'eau noie
Tout ça est bien en moi
Et c'est moi
Je suis

Je suis autant la chute que l'envol
Mais bien plus la scoumoune que le bol
Tout ça est bien en moi
Et c'est moi
Je suis

Et le désert avant d'être le sable
Le fait divers un peu plus que la fable
Tout ça est bien en moi
Et c'est moi
Je suis

Je suis celui qui pèse , mais je suis le chiffre treize
Je la ramène y faut pas que je taise que
Tout ça est bien en moi
Et c'est moi
Je suis

Refrain
Moi la vie ne m'a pas donné raison
Mais je suis l'antidote à son poison
Tout ça est bien en moi (X3)
Et c'est moi

Je suis mais ça ira
Je suis mais ça ira
Je suis mais ça ira
Je suis mais ça ira

Je suis l'animal qu'on a mis à table
La Fontaine ne m'a pas mis dans sa fable
Tout ça est bien en moi
Oui c'est moi
Je suis

Je suis la langue qui n'a pas d'école
La nage indienne bien plus que le crawl
Tout ça est bien en moi
Et c'est moi
Je suis

Je suis un peu le papier, un peu l'encre
Mais je suis aussi de la dynastie des cancres
Tout ça est bien en moi
Oui c'est moi
Je suis

Je suis l'éclat de rire et la colère
L'autre aurait dit entre ciel et la terre
Tout ça est bien en moi
Oui c'est moi
Je suis

Refrain

Je suis pas né le jour de ma naissance
Je suis né lorsque j'ai compris ma différence
Tout ça est bien en moi
Et c'est moi
Je suis

Et moi qui fait partie du genre humain
Je dis y'a pas de quoi faire à deux mains
Tout ça est bien en moi
Et c'est moi
Je suis

Et dans l'immensité à sa mesure
Je suis en équilibre je le jure
Tout ça est bien en moi
Et c'est moi
Je suis

Je resterai le feu et l'eau je crois
Même si le feu brûle et si l'eau noie
Tout ça est bien en moi
Et c'est moi
Je suis

Refrain



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TOUT SEMBLE SI...

Tout semble si apaisé dans ma ville
Si je suis fou, que cache cet asile ?
Ces Africaines aux cheveux lisses
Qui malgré tout l'avaient faite métisse
Tous ces sourires qui coulent à flot

Et tant de bourses à boire des chocolats chauds
Tous ces enfants à qui il ne manque rien
Et les terrasses qui ont fait le plein
Je suis fracas quand la foule est tranquille
Et toi tu sembles si apaisée ma ville

Refrain
Mais, n'attends pas qu'ils reviennent
Même s'ils n'ont pas d'armes tu vois
N'attends pas qu'ils reviennent
Ils ont pris quatre villes déjà
N'attends pas qu'ils nous tiennent
Même s'ils n'ont pas d'arme, ils sont là
N'attends pas qu'ils reviennent

Y manque que le sable et le soleil couchant
Y manque que la mer, y'a déjà les marchands
Y'a même un peu de vent qui fouette
Et les pigeons qui font semblant d'être des mouettes
Des jambes nues et des cuisses croisées

Comme un certain l'a écrit, "la Nausée".
Tous ces goûters à vous dégoûter du bonheur
A pas aimer qu'il soit bientôt 4 heures
Je suis fracas quand la foule est tranquille
Et toi, tu semble si apaisée ma ville

Refrain

Tout semble si apaisé dans ma ville
Mais j'y crois pas, tout ça c'est trop facile
Toutes les villes se prennent avec des mots
Y'a toujours une moitié pour dire : Bravo !
C'est pas la guerre, c'est dépassé

On me dit: "C'est qu'un mauvais moment à passer"
En tout cas si je lâche mon lasso
Ils seront à la porte de mon ghetto
Comme à Toulon, Orange ou Marignane
Mais je m'en fous, ici on aime la castagne

Refrain



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ON EST CHEZ NOUS

On est chez nous, nous
On est chez nous,
On est chez nous, nous
On est chez nous

Je fais jaillir de l'eau des aisselles et du front
Je suis celui qui danse et fait faire des bonds
Je fais lever les bras et que dans nos poumons
Toute la nicotine en demande pardon

Je fais le Po! Je fais la révolte des basses
Et que dans les oreilles on en garde la trace
Je fais la nuit qui fait pas rire les notables
Oui je la fais, je mets les cartes sur la table

Je fais le mixe qui dégoûte pas du vote
Je le fais cool pour pas qu'on s'y casse les côtes
Je dénonce et si tu m'envoies pas dans les ronces
Je te ferai ma danse du quinconce

Refrain
On est chez nous
On est chez nous
On est chez nous
On est chez nous

Je fais la colère de ceux qui ont appris
Que le respect ne s'est jamais donné mais pris
Je fais les Incas les forêts perdues
Et les petits que les grands n'ont jamais vaincus

A défaut des voiles et des cinquante deux étoiles
Je dessine à la main une troisième étoile
Je fais la marinade des peuples métisses
Pas de salade, je fais monter les épices

Je fais le chaud et tout le chagrin des cithares
Les castagnettes qui envoient, et même le peuple noir
Tout ce qui nous décollera au moins la tempe
Qu'on dégoupille 'Mais que sans jamais ça pampe

Refrain

Je fais la soif et puis la marche des exclus
Qu'on sorte ce qu'est moche et qu'on en parle plus
On marche dans le topo pas de doute
Et je rajoute, je rajoute, allez rajoute

On voulait juste une seconde voir en nous
La sale bête qui dit "on est plus chez nous"
Je fais la pluie pour ça, je fais même le cri
On se fout des manières et des modes et du prix

Pourvu que nos chemises en soient réduites
En éponge ! On rentre torse nu cette nuit
On pourra dire, nous, qu'on était présent
Et qu'un jour on a vu ce qu'on avait dedans

On était chez nous
On était chez nous
On était chez nous
On était chez nous

Je fais jaillir de l'eau des aisselles et du front
Je suis celui qui danse et fait faire des bonds
Je fais lever les bras et que dans nos poumons
Toute la nicotine en demande pardon

Je fais le Po ! Je fais la révolte des basses
Et que dans les oreilles on en garde la trace
Je fais la nuit qui fait pas rire les notables
Oui je la fais, je mets la carte sur la table

Je fais le mixe qui dégoûte pas du vote
Je le fais cool pour pas qu'on s'y casse les côtes
Je dénonce et si tu m'envoies pas dans les ronces
Je te ferai ma danse du quinconce



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OUALALARADIME

Oui bon, j'avais tous les défauts
Menteur comme un dentiste, comme y faut
Dribbleur comme Scifo, j'ai dit Méco

Oui bon, très tôt, je voulais pas bosser
Et comme Pinocchio mais sans la fée
J'ai méchamment menti et ça l'a fait

J'ai menti comme on tousse
Et sans qu'un long tarin me pousse
J'en ai fait des coups en douce

Tu me crois, tu vaux pas un centime
Je le jure, oualalaradime

Refrain bis
Ouala, oualalaradime
Ouala, oualalaradime

Oui bon, j'étais comme Canto
Et je parlais aux mouettes en argot
J'étais Walter Hugo, le poète !

Très tôt, j'ai voulu comme les grands
Faire le cow-boy avec des balles à blanc
Ramasser beaucoup d'oseille et vlan

A 10 ans, j'étais dur à cuire
Je voulais passer mon permis de conduire
A l'instructeur d'une auto-école

J'ai dit "signes, il m'faut une bagnole"
Si tu me crois, tu vaux pas un centime
Je te le jure, oualalaradime

Refrain bis
Ouala, oualalaradime
Ouala, oualataradime

Ensuite, ma mère à coups d'insultes
Me disait, "Allez !, ne fais pas l'inculte
Dis bonjour, quand tu croises un adulte"

Et moi têtu comme deux chameaux
Qui se disputent un verre d'eau
Il a fallu que je fasse le beau

Et va savoir pourquoi sous le préau
C'est l'adulte qui ôtait son chapeau
A 10 ans j'étais farouche

Il aurait fallu me coudre la bouche
Si je garoffe c'est pour la rime
Je le jure sur la tête de Sim

Refrain bis
Ouala, oualalaradime
Ouala, oualalaradime

Mon père qu'était dans le bâtiment
Me faisait part de ses sentiments
Y avait plus qu'à regarder comment

Quand je sortais de chez moi, le matin
Je faisais croire à tous les copains
Que pour me marave, y z'étaient vingt

A 10 ans, j'étais en colère
Qu'on voyait plus les bulletins scolaires
Mineur, j'avais l'avantage majeur

D'avoir mis à l'amende le facteur
Tu me crois tu vaux pas un CFA
Je le jure sur la tête de moi

Refrain bis
Ouala, oualalaradime
Ouala, oualalaradime



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LE MANOUCHE

C'était la fête et comme à la maison
Dans le parking, toutes les familles... à raison
De 3 filles et de 18 garçons
Sont descendus, y'avait des chaises
Et de toute façon...

Y'avait du thé, mais y'avait surtout des makrouts
Y'avait surtout rien à raquer tu t'en doutes
Des cons auraient dit "là, tu les assistes"
Rien à foutre et allez ! Place à l'artiste

Tout à coup le manouche est monté sur la scène
Ici pas de cachet et pas plus de mécène
Et c'est en ramenant ses cheveux en arrière
Qu'il s'est mis à manger toute la scène entière

Refrain
Y nous a pas fait latche
Et tout ça à la tchatche
Y nous a fait le match
Et nous a dit là ya tchi
Ah ! quel plaisir

Y'avait là tous les prénoms qui finissent en ID, "Farid" !
Et l'armada de ceux qu'avaient pas lu le Cid, "Hafid" !
Toute la faune qui taquine le tiercé
Et des millions de landaus qu'il fallait bercer

Y'avait aussi des chiens qui mangeaient plus de viande
Mais des restes de ragoût presque à leur demande
Il a pris sa guitare et l'allure trop fière
Je vous dis pas ce qu'il a fait de nos ornières

Il a fait comme un pansement sur la misère
Sur le mal de crâne de l'Alka Seltzer
Comme les larmes sont jamais trop loin du rire
Il a mis au rez de chaussée quelques sourires

Refrain

C'était une épée qu'il avait, pas une voix
Qui disait "de l'or" ! Pour ceux qui n'en ont pas
C'était pas une guitare au bout de ses doigts
Mais une méchante potence pour les rois

Il a dit aux mômes, "je vous fais une place
Vous serez tous premiers de la classe
Puis ça sera pas des classes mais des salons
Et sur ma tête ! Y'aura pas un crayon"

A ces mots les mômes ont lâché les ballons
Les plus petits qu'étaient accrochés aux jupons
Ont dit "Oui !" Quand il a dit "la première leçon,
Sera comment faire cuire les hérissons"

Refrain

Y nous a fait l'océan, là sous notre nez
Je vous le jure c'était pas du poisson pané
Et sur la plage, comme si on y était
Il a effacé les 300 jours de l'année

Et dans un confort qu'on n'aurait pas osé
Mieux qu'un fauteuil de la ligne Roset
Avec un français à couper à la hache
Il a dit "Libertad est un mensonge, qu'on le sache"

Je peux te dire que depuis ce jour on raconte
Que la misère et même le jour ont eu honte
D'avoir jeté des singes dans les cages
On a oublié qu'on habitait les étages...

Refrain



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NE DANS LA RUE

Je suis né dans la rue, enfin disons
Que la tomate a effacé le gazon
Et le Champagne c'était du Fanta
Les jours de fête à table y avait que ça

Une rue qui n'était pas les Beaux Arts
Où Muhammad Ali a mis k.o Mozart
Où la friture est à l'ami Schubert
Ce que "T'es morts" est au Petit Robert

Rue des filles qui voulaient pas de nous
T'es frisé et dans tes cheveux y'a des poux
C'est un bonnet qui nous l'enseigne
Ici les têtes n'avaient pas besoin de peigne

Refrain
Passe la vie, passe le temps
Passe la vie, passe la caravane et pourtant
Et pourtant passe
Passe la vie passe la caravane et passe
Passe la caravane et puis la vie, passe
Passe la vie passe la caravane et passe
Le temps...

Je suis né dans la rue, pas dans la pire
Où les caries vous interdisent de sourire
Où les nouveau-nés entraient dans la danse
Car chaque jour on fêtait une naissance

Ici tu chopes la crève et t'en ris
Ici l'hiver a mangé la menuiserie
Donc une règle: si tu nais, "sois robuste"
Pas de Caliméro pour dire "c'est trop injuste"

Rue où le feu, c'étaient des femmes jalouses
Pas consolées par les guitares andalouses
A quatorze ans, les filles rêvaient d'être mères
Pèlerinages aux Saintes Maries de la Mer

Refrain
Passe la vie, passe le temps
Passe la vie passe la caravane

C'était pas la ruelle, c'était rue des chameaux
Une impasse où "je t'aime" était un gros tuyau
Où les prénoms, tu pourras le vérifier
Sont pas de ceux qu'on trouve dans les calendriers

Pas la rue des déclinaisons latines
On s'appelait, devine? Machin, Machine
Et le cuivre, la ferraille et même le zinc
Etaient l'unique étalage des magasins

Et comme l'a dit l'autre "Vive la France"
Roulez Peugeot 102, sans assurance
Rue de "si t'es pas d'ici je t'escorte"
A moins que tu vendes ta Ford Escort.

Refrain
Passe la vie, passe le temps
Passe la vie, passe la caravane



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LE PETIT ROBERT

Petit, j'étais largué, on dit ici "à Lourdes"
Dans ce que l'on appelle une famille lourde
L'amour y était le contraire du doute
La tête collée contre le poêle à mazout
Rêveur et j'ose même dire dans le coton
A attendre qu'on me dessine un mouton.

Mouton je l'étais jusque dans la tonsure
Mais les Brushings font pas dans la littérature
La main de ma mère était là en cas de doute
Comme un parapluie qui te protège des gouttes
De pluie, et j'ose même dire du mauvais temps
On avait rien, on était content.

Refrain
Mais c'était avant qu'on me dise dégage
Et qu'on ne me parle plus au présent
Avant qu'on déchire mes pages
Et qu'on me dise: "place et au suivant"

Avant qu'on ne me dise il n'y a plus de place assise
Et... avant qu'on ne me parle plus au présent
Avant qu'on ne me déchire une page et qu'on me dise
Avant c'était avant... et place au suivant.

Petit, j'étais gentil, j'étais même agréable
J'écrivais les deux coudes posés sur la table
J'ôtais de ma bouche les insanités
Comme un petit prince de l'humanité
Rêveur, je cédais ma place aux personnes âgées
Pour un sourire, une poignée de dragées.

J'enlevais ma casquette en entrant à l'école
Mais être poli, ça dispense pas des colles
Gentil, et tout à la fois dernier de la classe
Eveillé, comme pouvait l'être une limace
Je dormais, j'ose même le dire si profond
Et que s'écroule le plafond.

Refrain

Car j'attendais, petit prince des gloutons
Qu'on me porte à la bouche des paquets de bonbons
Y avait pas la monnaie mais c'était tout comme
Car le baiser remplaçait l'économe
Rêveur, et malgré les corvées de charbon
Ma récompense était un bisou à l'horizon

Mais dépassé le siècle où on te met au couvent
J'étais si nul, ma mêre a pris les devants
Et se pointait à l'école un chiffon dans la chevelure
La maîtresse disait "regardez ces ratures!"
Le cœur en miettes, elle faisait parler l'eau et le sel
Et s'en retournait à sa vaisselle...

Refrain

A 18 h pétantes, se pointait le maçon
Un seul regard et à l'heure des cuissons
Y disait "vous voulez qu'on nous coupe les bourses"
A ces mots une larme descend de la grande ourse
Et j'ai compris qu'il y avait qu'une façon
D'apprendre l'art de la multiplication.

Depuis j'ai plus voulu ressembler aux statues
Et j'ai laissé mes potes à la salle de muscu
Ma mère m'a jeté un bouquin sur la table
Un gros machin qui rentrait pas dans mon cartable
C'est tous ces mots qui ont allumé la lumière
Et spéciale dédicace au petit Robert.